Sirugue investit pour se développer

Le 03/09/2022 à 15:22 par La rédaction

Sur un total de 10 à 12 M€ d’investissements budgétés sur les six prochaines années, Sirugue a terminé, fin 2021, une première tranche d’investissements visant à apporter plus de flexibilité et de souplesse à ses fabrications d’aliments.

« Après des années de croissance continue, notre société avait atteint le potentiel maximal de l’outil en place (environ 100 000 t par an) et, à la suite de ce constat, nous avons décidé en 2020 de réaliser une nouvelle extension de la tour de fabrication, pour accompagner la dynamique de l’entreprise et répondre aux nouvelles attentes des consommateurs », affirme Mathieu Sirugue, adjoint de direction de la S.A. Sirugue, qui nous reçoit à Esbarres au siège de l’entreprise.

Dernière entreprise de nutrition animale de Côte-d’Or, l’entreprise Sirugue rassemble 48 salariés et pèse aujourd’hui pour 10 % du tonnage d’aliments sur la grande région Bourgogne-Franche- Comté, seule zone de croissance agroalimentaire selon le Snia (Syndicat national de l’Industrie de la Nutrition animale) et La Coopération agricole sur les dix dernières années. « La capacité de l’usine en fait le 4e plus gros site sur notre zone géographique », précise Mathieu Sirugue qui a rejoint l’entreprise en 2019 et qui en représente la troisième génération (lire ci-dessous).

Aliments bovins en tête

Sur un total de 108 000 t d’aliments produites par an, l’aliment ruminant arrive en tête avec 40 % du total, suivi à égalité des aliments porcs et volailles. « À l’origine spécialiste de la volaille et du porc, l’entreprise s’est diversifiée avec le ruminant (bovins, ovins, caprins) au début des années 2000, connaissant ainsi un certain succès, puisque cette filière est aujourd’hui majoritaire dans la société », affirme Mathieu Sirugue, qui précise que 20 % des tonnages d’aliments ruminants sont sous appellation Comté. Si les fabrications d’aliments volailles sont stables, les fabrications d’aliments bovins et porcs sont en hausse (+ 10 % pour l’aliment porc en un an). « Nous souhaitons continuer notre développement sur les trois espèces, afin d’assurer la stabilité et la sécurité de la production, tout au long de l’année », explique Mathieu Sirugue. Il ajoute que la particularité de l’usine d’Esbarres est d’être organisée en pré-broyage (broyage des matières premières une par une), une technique qui permet de préserver les caractéristiques de chaque matière première et moins énergivore. Elle est la seule de la région à procéder ainsi, pour un total de quatre usines sur l’ensemble du territoire français.

« Les matières premières sont sourcées selon nos cahiers des charges propres, pour garantir une qualité supérieure du produit fini », poursuit notre interlocuteur. Profitant de la richesse de la plaine céréalière du Val-de-Saône, l’approvisionnement en céréales est local, représentant 60 % des matières premières utilisées au sein de l’usine. De même, l’entreprise est impliquée dans certaines démarches locales telles que le sainfoin et la Luzerne, qui viennent de la coopérative de Baigneux-les-Juifs, en Côte-d’Or. « Cette démarche locale sera renforcée par notre développement en cours, en droite ligne avec les objectifs d’autonomie et de souveraineté alimentaire impulsés par l’État », précise Mathieu Sirugue, qui nous fait visiter l’usine pour découvrir la première tranche d’investissements de 6,3 M€ réalisés en 2021.

Mathieu Sirugue : « La première tranche des travaux, soutenue par France Relance, représente un investissement de 6,3 M€ ».

Préparer le futur

Sur un investissement total de 10 à 12 M€ sur les six prochaines années, la première tranche d’investissements, financée par l’État à hauteur de 15 % dans le cadre de France Relance, s’est terminée il y a six mois et devrait permettre à l’entreprise de produire 120 000 t d’aliments par an et de briser le plafond des 100 000 t, atteint depuis plusieurs années. « Pour cette première partie d’extension, nous avons doté le site d’une charpente process de 700 t, reposant sur une base de micropieux, enfoncée à 18 mètres de profondeur. Cette charpente abrite 29 nouveaux silos dont neuf de matières premières et 20 de produits finis », explique Mathieu Sirugue, ajoutant que cette première tranche d’investissements a également permis une plus grande automatisation de l’usine, notamment au niveau du chargement des cellules, ce dernier étant déclenché à partir d’une tablette et non plus manuellement. Ces investissements vont également permettre à l’usine d’avoir plus d’avance en produits finis, notamment sur les gammes les plus vendues.

« Ces deux tranches d’investissements sont ambitieuses, mais réfléchies, résume Mathieu Sirugue. Elles nous apporteront une flexibilité usine, mais aussi une plus grande capacité de stockage et production, afin d’être plus résistant sur notre secteur face à la concurrence nationale et internationale, avec l’objectif impulsé par le plan France Relance de diminuer notre degré de dépendance extra-européenne. La nouvelle structure de l’entreprise sera attractive pour les clients, mais aussi pour les talents que nous devrons recruter. Avec une désertion des campagnes pour la métropole, nous proposons le développement et la sauvegarde de l’emploi sur notre village et notre territoire avec la création d’une vingtaine de postes pour tous niveaux, du non diplômé à l’ingénieur ». En outre, ces investissements renforcent la stratégie qualité de l’entreprise, cette dernière étant certifiée Oqualim. « Notre engagement qualité est récompensé chaque année par notre référencement dans près de 50 cahiers des charges connus du grand public. Les filières qualité supérieures régionales ou nationales représentent aujourd’hui 60 % du volume de l’usine », commente notre interlocuteur. Face au renchérissement du prix des matières premières, ce dernier estime qu’il faut jouer avec la régularité des formules. « L’intégralité des formules ruminants a été mise au point par Sirugue à partir du terrain et nous travaillons en parallèle avec des firmes-service pour le porc et la volaille », explique Mathieu Sirugue, qui estime que les investissements actuellement réalisés par l’entreprise représentent une clé pour le futur et la meilleure réponse aux problèmes d’actualité que connaissent les fabricants d’aliment du bétail.

 

Philippe Caldier