Conférence Idele : La Pac 2023-2027 passée au crible
Organisée à Paris le 16 novembre par l’Institut de l’Élevage (Idele) et la Confédération nationale de l’Élevage, la conférence « La Pac dans tous ses états » visait à mieux connaître l’impact de la réforme de la Pac 2023-2027 sur les systèmes d’élevage ruminant français et dans plusieurs autres pays européens.

Les élevages laitiers ressortent plutôt gagnants de la nouvelle Pac dans les scénarios présentés.
Après la validation du Plan stratégique national (PSN) français par la Commission européenne le 31 août dernier, l’organisation de la conférence Idele sur « La Pac dans tous ses états » arrivait à point nommé. Comme l’a en effet rappelé Vincent Chatellier de l’Inrae dans la première présentation de la matinée, l’une des principales modifications de la réforme de la Pac 2023-2027 est « un nouveau modèle de gouvernance », avec la production par les États-membres d’un PSN, ce dernier étant établi sur la base d’un état des lieux, puis validé par la Commission européenne, avec une évaluation des résultats sur la base d’indicateurs. « Douze pays n’ont à ce jour pas validé leur PSN », précise Jérémy Decerle, éleveur bovin de Saône-et-Loire et député européen lors de la table ronde de fin de matinée. Ce dernier souligne au passage « le bon travail en commun fait entre l’État et la profession » pour l’élaboration du plan français qu’il qualifie de « proposition complète et cohérente ».
Ambition environnementale renforcée
Dans la présentation du Plan stratégique français, Juliette Prade du ministère de l’Agriculture souligne notamment « l’ambition environnementale renforcée de la proposition française et sa contribution au Pacte Vert, en cohérence avec la réglementation européenne ». Le volet « Environnement-Climat » affiche trois grandes priorités : diversification et biodiversité, autonomie des productions, des territoires et des filières (élevage herbager et autonomie protéique), résilience et sobriété en intrants (fertilisants, pesticides, agriculture bio, transition agroécologique). Parmi les cinq actions au cœur de cette stratégie environnementale figurent une diversification des cultures renforcée, un doublement de la surface en légumineuses, un développement de l’agriculture biologique (au moins 18 % de la SAU d’ici 2027) et un maintien des prairies pour favoriser l’élevage herbager.
Outre ce nouveau dispositif de l’éco-régime visant à valoriser les pratiques favorables à l’environnement et au climat, l’autre modification majeure de la nouvelle Pac concerne la fusion des aides couplées laitières et allaitantes en aide aux UGB bovines de plus de 16 mois. « Les objectifs recherchés par la réforme sont multiples », explique Juliette Prade : valoriser davantage les animaux sur le territoire, lutter contre la déprise laitière, mieux reconnaître l’interdépendance des marchés entre filières viande et lait et les exploitations mixtes bovins lait-bovins viande.
Juliette Prade termine sa présentation en soulignant plusieurs éléments de simplification de la nouvelle Pac, dont un cadre de gestion Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural) clarifié État-Régions, des mesures simplifiées (comme un schéma d’écorégime forfaitaire couvrant toute la surface admissible). Ainsi qu’une mise en œuvre du système de suivi des surfaces qui permettra de vérifier l’éligibilité à certains dispositifs, sans contrôle sur place et de rectifier des erreurs de déclaration plus facilement.
Philippe Caldier