Réunion technique Altilis et Metex Animal Nutrition
Comme chaque année, c’est un programme dense qui était à l’ordre du jour de la réunion technique organisée par Altilis et Metex Animal Nutrition en marge du Space. Après une mise en situation sur la dépendance protéique de la France, il fut question d’acides aminés, phytases, acidifiants et probiotiques.

Etienne Corrent, directeur Business et innovation de Metex Animal Nutrition et Laurent Bastide, directeur général d’Altilis, entourent Jean-Yves Dourmad chercheur à Inrae qui a présidé cette journée technique pour la dernière fois : il posera un point final à sa carrière dans quelques mois.
Patricia Le Cadre, directrice des études alimentaires et filières animales du Céréopa, a initié la 25e réunion technique d’Altilis et Metex Animal Nutrition, organisée comme chaque année en marge du Space, en présentant une approche historique et prospective de l’utilisation des acides aminés : « comment les acides aminés ont contribué à la progression de la France vers son autonomie protéique ? » Elle pose le constat que les importations de soja sont en train de remonter sous le double coup d’un ratio de prix soja/blé et tourteaux secondaires favorable et d’une diminution de production, en France, de toutes les alternatives à ce tourteau roi : tourteaux de colza et tournesol français, tourteaux de tournesol de la mer Noire et autres drêches déshydratées. « Le contexte actuel n’est pas favorable à notre autonomie protéique, constate-t-elle. De 2002 à 2017, les importations de tourteaux de soja ont baissé de 36 %, soit un recul de 1,6 Mt. Mais en 2021, elles s’affichent 4 % au-dessus du plus bas niveau de 2017. »
Au vu de ces chiffres, le niveau d’autonomie des fabricants d’aliment français est de 76 % pour la saison 2020- 2021. Patricia Le Cadre rappelle que les céréales et leurs coproduits, d’origine métropolitaine, constituent 61 % d’une formule d’aliment moyenne. « Pour calculer l’autonomie protéique de l’alimentation animale française, il faut rajouter aux 13,8 % de soja incorporé dans les aliments fabriqués dans les usines, la part des tourteaux de soja (19 %) achetée et incorporée directement par les éleveurs. » En cumulant ces deux chiffres, le taux moyen d’incorporation de soja dans les aliments du cheptel français est de 10 % hors fourrages. En ajoutant les fourrages, le taux d’incorporation du soja tombe à 3,3 %. Les volailles en consomment 45 %, les bovins 39 %, et les porcs 14 %.
Patricia Le Cadre explique qu’il faut aussi prendre en compte l’apport des céréales dans la couverture des besoins protéiques. « Ainsi les céréales et leurs coproduits participent pour 36 % de cette couverture protéique portant l’autonomie protéique du pays à 58 %. » Dans le panier des protéines utilisées par les fabricants et les éleveurs, le soja pèse 30 % ; il représentait 40 % en 2003 et était tombé à 29 % en 2015. « On ne manque pas de protéines en France, souligne-t-elle. On manque de protéine concentrée. »
Des analyses prospectives
Patricia Le Cadre est ensuite revenue sur le résultat d’une analyse prospective réalisée par le Céréopa en 2019, modélisant le rôle des acides aminés dans l’indépendance protéique du pays. Cette étude utilise le modèle Prospective Aliments qui permet de décrire les consommations de matières premières par les fabricants, à l’échelle de la France. Plusieurs scénarios ont été testés, rajoutant des contraintes d’incorporation de valine, tryptophane, thréonine et lysine en formulation porc et volaille. Seul le niveau de méthionine n’a pas été modifié.
Françoise Foucher