Ruminants : Les firmes-services apportent des réponses convaincantes sur le terrain
Particulièrement actives face à la volatilité des cours des matières premières, les firmes-services multiplient leurs solutions pour permettre aux fabricants d’aliment d’apporter des réponses convaincantes à leurs clients éleveurs.
CCPA : Revenir aux fondamentaux économiques
Cédric Faure, responsable ruminant CCPA, tire le bilan d’une année 2022 « vraiment particulière. Variabilité de la qualité des fourrages, faiblesse du taux d’amidon dans les maïs, volatilité des matières premières : tout le monde a perdu ses repères. Les modèles de production sont mis à mal, mais c’est aussi dans ce genre de contexte qu’on revient aux fondamentaux économiques. Sachant qu’il faut, désormais, tenir compte du nouveau contexte environnemental et sociétal qui met les éleveurs devant des choix difficiles et dans des positions parfois contradictoires. » Pour abaisser le coût de la ration à performances identiques, CCPA mise sur sa gamme Vivactiv’ qui améliorer la valeur énergétique et protéique des matières premières. Néanmoins, Vivactiv’ permet aussi de valoriser des coproduits ou des sources azotées en épargnant des céréales et des tourteaux d’importation. CCAP est désormais capable de mesurer cet impact environnemental (exprimé en équivalent CO2) permis par les produits Vivactiv’.
Dans ses bilans technico-économiques, CCPA s’attache à mettre en avant la notion de marge et non uniquement la notion de charge : « nous nous efforçons de raisonner l’efficacité de l’atelier sur la marge brute et pas uniquement la marge sur coût alimentaire. Nous prenons désormais aussi en compte la gestion des stocks fourragers, afin de planifier leur utilisation. » Un nouvel onglet du logiciel Chorus Ruminant 4.0 intègre dorénavant le calcul théorique de la réponse en matière grasse du lait pour chaque ration : « la production de matière grasse dans le lait est une problématique multifactorielle complexe à interpréter sur le terrain. Afin de maîtriser le taux de matière grasse, il est indispensable de connaître et comprendre tous les leviers nutritionnels pouvant l’impacter, puis de modéliser les interactions entre ces différents facteurs. »
CCPA a actualisé ses recommandations sur les volets énergétiques et protéiques et met en œuvre ses analyses de matières premières notamment Nir, sur la ration totale, y compris ses analyses minérales. Dans cette optique, son outil CréaScan est en déploiement sur le terrain : « nous avons continué à valider nos performances et formons les équipes à son utilisation car c’est un outil technique qui demande une prise en main. » Cette connaissance plus fine s’accompagne d’une proposition de formulation minérale à la carte, pour laquelle CCPA a réalisé des investissements sur une ligne de fabrication de son usine de Janzé, cet hiver. Grâce à cette technologie, CCPA gagne en productivité et élargit sa palette de matières premières minérales, mais aussi de noyaux spécifiques, afin de répondre aux différentes problématiques rencontrées en élevage, type de ration, objectifs de l’éleveur, stade physiologique… « Les aspects logistiques ont été pris en compte avec la possibilité de faire des fabrications dans un délai court et des tailles de lot de fabrication ainsi que des conditionnements sacs et big bags, répondant aux élevages d’aujourd’hui. Le produit se présente sous la forme de micro-semoulette. »
Côté produits, Cédric Faure souligne l’intérêt de la solution FeedStim Dairy à l’attention des vaches laitières : « ses conséquences sur la physiologie de la lactation continuent d’être documentées. Elles sont le fait d’un extrait végétal breveté qui influence la multiplication des cellules mammaires en fin de tarissement, au moment où l’épithélium est en phase de régénération. Le pic de lactation s’exprime mieux et la persistance en lait est meilleure. »
Idena : Focus sur la sphère digestive

Le service ruminant au complet. De gauche à droite : Julien Journaux, Chloé Gangloff, Jean-Philippe Ricaud, responsable du service et Mathieu Pondet.
Jean-Philippe Ricaud, responsable du service ruminants Idena, souligne l’intérêt, « sur tous les fourrages », de la solution Maxival, qui permet d’améliorer la digestion des fibres et « d’épargner de l’azote soluble, donc des points de protéine que l’on peut ensuite économiser sur le correcteur azoté dans un objectif de maîtrise du coût de la protéine ». Il s’interroge aussi sur la disponibilité des matières premières déshydratées, pulpes et drêches, notamment, qui commencent, particulièrement avec le contexte énergétique du début d’automne, à trouver des usages en méthanisation : « ces coproduits favorisent la diversification des matières premières dans les formules et contribuent à notre indépendance vis-à-vis des céréales, dont les cours sont volatils. » Cette problématique renforce l’intérêt de solutions comme le Valkalor, qui a la capacité d’orienter les fermentations vers plus d’acides propioniques et moins de lactiques, afin de limiter la quantité d’amidon by-pass : « nous avons une longue connaissance de la gestion de l’énergie dans le rumen et la manière de la sécuriser. Développé depuis 20 ans et très documenté, Valkalor fonctionne sur toutes les céréales et permet de sortir de certaines impasses nutritionnelles. »
Concernant les jeunes animaux, Jean-Philippe Ricaud présente de nouvelles données sur le Forcix Feed préconisé sur la sphère digestive : « les résultats de nos récents essais montrent toujours un effet sur la prévention des diarrhées et des gains de GMQ. Il se décline désormais aux très jeunes animaux, dès la première semaine de naissance. » Testé avec succès sur les ovins, il est en phase de développement sur la zone roquefort, avec l’appui de Chloé Gangloff, ingénieure ruminant orientation ovin. Il peut se combiner dans le prémix avec une autre spécialité adaptée aux petits ruminants dont la déficience pulmonaire est chronique, AéroRum. Pour les bovins viande, Idena présente une nouvelle version de son rationneur Ruminix 3 : « il prend en compte les différentes races, les types de marchés et de finition choisies et intègre l’état de l’animal à son entrée dans l’atelier d’engraissement. Il comprend désormais un module d’analyse des fourrages Visiograf avec une gestion très rapide du traitement de l’échantillon. »
MG2Mix : Le minéral à la carte et avec précision

L’équipe de MG2Mix sur son stand au Space.
Parce que le contexte de hausse des matières premières n’épargne pas les composants constituant les minéraux, MG2Mix déploie son application WeMin de formulation de précision du minéral : « WeMin tient compte des besoins de l’animal et associe les oligoéléments sous différentes formes, oxydes, sulfates, chélates, pour s’adapter aux capacités de solubilisation ruminales et intestinales », décrit Vincent Gerfault, directeur général de la firme-services. Des ajouts de sucre, sel, carbonate, acides aminés, sont possibles pour constituer un noyau, distribué de 800 à 1 000 g/animal/jour. « Cette quantité garantit une bonne homogénéité du mélange dans la ration. » Le minéral se présente sous forme de poudre et peut intégrer une base d’amidon, ce qui réduit les émissions de poussière de 75 à 80 %. « Avec l’application WeMin, les TC formulent le minéral avec la ration, à un prix en direct à l’éleveur : la formule validée est ensuite transférée à l’usine pour plus de réactivité dans sa fabrication. »
Côté produits destinés aux ruminants, MG2Mix présentait, au Space, son Propiopak, solution pour remonter les niveaux d’amidon de la ration, tout en baissant le taux de protéine globale, dans le but d’une meilleure efficacité alimentaire. « Le contexte de hausse des matières premières incite à travailler sur la réduction de la protéine dans la ration. Nous baissons de 1 à 1,5 % de point de MAT dans la ration globale, assure Vincent Gerfault, qui met en garde : si on le fait sans compenser, cela entraîne une diminution de l’efficacité alimentaire ainsi que des problématiques d’acidose liées au déséquilibre entre l’azote et l’énergie. » Propiopak s’adresse notamment aux fafeurs qui souhaitent valoriser leurs céréales à la ferme. MG2Mix annonce un gain de marge sur coût alimentaire de 0,35 à 0,4 €/vache/jour pour les vaches de 10 à 60 jours de lactation, et une moyenne de + 0,15 €/ vache/jour sur les 60 jours et plus.
Françoise Foucher