Agri Market Focus : l’Union économique eurasienne

Bretagne commerce international a organisé, durant le Space, une conférence sur l’Union économique eurasienne. Au programme, un panorama global sur le secteur de l’élevage et un éclairage sur les procédures d’enregistrement appliquées notamment aux produits destinés à la nutrition animale.

Serguei Zemliansky, prestataire agréé de Bretagne commerce international (BCI) et dirigeant d’une société de services basée à Moscou qui accompagne les entreprises françaises dans leur développement sur les marchés russes, kazakh et biélorusse, a animé, jeudi 13 septembre, dans le cadre du Space, une conférence sur l’Union économique eurasienne. Ce dernier a tout d’abord présenté le territoire et ses spécificités. L’Union économique eurasienne, unissant sur la zone de libre-échange les cinq pays post-soviétiques : Russie, Kazakhstan, Arménie, Biélorussie et Kirghizstan, accumule des ressources agricoles très importantes. Cependant, « pour des raisons historiques notamment », elle continue à importer de nombreux produits et services en provenance de l’Union européenne, tels que des équipements et matériels d’élevage, de la génétique ou encore de l’alimentation animale. « Depuis la mise en application de l’embargo agroalimentaire en 2014, on observe une tendance à la localisation de la production de ces derniers », souligne Serguei Zemliansky.

Serguei Zemliansky, prestataire agréé de Bretagne commerce international (BCI) et dirigeant d’une société de services basée à Moscou qui accompagne les entreprises françaises dans leur développement sur les marchés russes, kazakh et biélorusse, a animé, jeudi 13 septembre, dans le cadre du Space, une conférence sur l’Union économique eurasienne.

Serguei Zemliansky, prestataire agréé de Bretagne commerce international (BCI) et dirigeant d’une société de services basée à Moscou qui accompagne les entreprises françaises dans leur développement sur les marchés russes, kazakh et biélorusse, a animé, jeudi 13 septembre, dans le cadre du Space, une conférence sur l’Union économique eurasienne.

La Russie est le producteur principal de produits agroalimentaires au sein de l’UEE. En matière d’élevage, le pays compte 18 643 bovins (dont 8 202 vaches laitières), 23 279 porcs et 24 531 ovins et caprins. « La tendance par rapport au 1er janvier 2017 est à la baisse en vaches laitières, de -0,7 %, et en ovins/caprins de -1,3 %. En hausse en porcs de +5,7 %. » La Russie représente également 78 % de la production de viande de l’Union (devant le Kazakhstan), 67 % de la production laitière (devant la Biélorussie) et 82 % de la production d’œufs (devant le Kazakhstan). « Depuis deux à trois ans, la Russie est autosuffisante en porcs et volailles. »

Dans le pays, la plupart des produits agricoles sont fournis par des agroholdings, exploitations à grande échelle. « Les quatre plus grands produisent 30 % de la production porcine nationale. Ils sont indépendants dans leur prise de décision, mais le levier administratif est très fort. En Biélorussie, ils ne sont pas indépendants. Les agroholding répondent seulement aux besoins alimentaires primaires à bas prix ». Les fermes familiales, ou LPKH, produisent quant à elles principalement pour la consommation familiale. « Elles forment un secteur non transparent : il n’y a pas de statistiques exactes, elles ne peuvent pas satisfaire d’une manière efficace à la demande de la population urbaine en produits fermiers. Il n’y a pas de cahier des charges, labels, technologies modernes, ni de qualité stable, contrôle vétérinaire stricte, traçabilité, etc. Le potentiel pour le développement est grandUn programme de développement des zones rurales a d’ailleurs été mis en place, pour que la population reste en campagne, car il n’y a pas beaucoup de travail en ville et pour garder la diversité des productions. »

L’Union économique eurasienne a exporté 20,6 milliards de $ de produits agroalimentaires en 2017. Dont 39,8 % de céréales, 16,8 % de poissons et crustacés, 16,3 % d’huiles et graines légumineuses. Côté importations, le montant s’élève à 30,2 milliards de $ en 2017, dont 27,4 % de fruits et légumes, 8,4 % de boissons et 7,5 % de viandes. « S’il manque quelque chose, ce n’est pas sous embargo ! explique Serguei Zemliansky. Par exemple, les huîtres sont sous embargo, mais pas les naissains, de même pour les poulets mais pas pour les poussins d’un jour ! En utilisant cet embargo, la Russie a boosté son agriculture. » Les statistiques 2017 montrent une récolte de céréales qui atteint 130,5 millions de tonnes. « Un record absolu pour la Russie. Les récoltes de blé battent tous les records. » La production porcine affiche 2,7 millions de tonnes carcasse, poulet de chair : 4,6 millions de tonnes carcasse et le lait cru : 30,7 millions de tonnes. « Ça reste des chiffres russes, donc pas forcément fiables ! » La tendance actuelle de développement est à la segmentation qualitative, avec le développement de nouveaux secteurs (chèvre, lapin), l’adoption de labels européens ou américains (organic) ou religieux (Halal) ainsi que des projets en élevage de taille petite et moyenne pour répondre à la demande de segments « premium ». « L’État rembourse 25 % des frais de construction des infrastructures. Et avec le taux de refinancement, l’intérêt sur le crédit est remboursé par l’État. » Les provisions budgétaires prévues dans l’agriculture russe en 2015-2020 sont de 21 milliards d’euros.

Procédures d’homologation

La deuxième partie de la conférence fut consacrée aux procédures d’homologations et d’enregistrements produits. « Plus le produit est dangereux, plus le risque de dommage est grand, plus dures sont les procédures ! » La plus dure est l’enregistrement étatique. « Les procédures d’homologation sont unifiées. Elles ont les mêmes exigences et demandent les mêmes documents de conformité pour toute la zone de l’Union économique eurasienne (les mêmes que pour les produits fabriqués localement) et ont le même signe de marquage (EurAsian Conformity). » Le déposant doit être une personne morale du droit de pays membres de l’UEE (fabricant, importateur, personne morale agréée par le fabricant).

Il existe 38 règlements techniques dans l’UEE, « 19 autres sont planifiés », définissant les standards pour les produits, aussi bien que les procédures de définition de conformité à ces standards. « Si les produits exportés ne sont pas mentionnés dans ces règlements techniques, ce sont les standards nationaux qui sont en vigueur et régissent l’enregistrement produit. » L’évaluation de la conformité aux règlements techniques passe par l’enregistrement et la certification/déclaration pour certains produits, « le déclarant doit alors être une personne morale ou une personne physique (enregistrée comme un entrepreneur indépendant) ». Les certifications et déclarations de conformité sont délivrées par les organismes de certification accrédités. « L’Union en compte 634 au total, dont 484 en Russie ». La validité du document va de 1 à 5 ans, pour un coût moyen de 500 à 800 € (dépend du produit) pour 1 an (+30-50 % si 2-5 ans). La durée moyenne d’obtention est de 4 à 5 semaines.

L’enregistrement étatique est quant à lui valable à vie, dans tous les pays de l’UEE. Pour l’obtenir, il faut déposer un dossier comportant 18 documents et 30 pages minimum par produit. Ce dernier doit être en anglais ou en russe. « Il faut présenter toute la méthodologie, la teneur exacte des composants, les noms de tous les composants et leur destination et moyen d’utilisation, les résultats d’examens cliniques, etc. » Quid des échantillons ? « Comment fait-on pour faire entrer des produits en Russie alors qu’ils n’y sont pas encore autorisés ? » questionne une participante. « Par la poste ordinaire ! Ça prendra deux semaines mais ce n’est pas contrôlé. Si vous passez par des expéditeurs express vous aurez des problèmes, des refus. »

L’enregistrement étatique est délivré soit par le Rosselkhoznador, Service fédéral en charge du contrôle vétérinaire et phytosanitaire, soit le Rospotrebnadzor, Service fédéral en charge du contrôle du respect des droits des consommateurs et du bien-être humain, ou le ministère de la Santé publique. Le coût moyen est de 2 500 € et plus (dépend du produit), et la durée moyenne d’obtention est d’un an. « Nous attendons depuis 2016 pour un enregistrement usine », lance l’un des participants. « L’agrément des sites c’est politique. Normalement, il y a des délais, mais c’est comme ça ! Je ne peux pas apporter de réponse sur cette situation. Il ne reste que l’humour ! Si vous y arrivez, un avenir radieux vous attend ! »

Ermeline Mouraud

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