Martinique Nutrition Animale : une entreprise familiale au service des élevages martiniquais

Entre l’Océan Atlantique et la Mer des Antilles, se trouve « l’île aux fleurs Â», La Martinique. Ce département d’Outre-Mer (DOM) français possède sa propre usine de fabrication d’aliment pour animaux. Rencontre avec une entreprise familiale au service des élevages martiniquais.

Plus de 380 000 habitants peuplent La Martinique. Leur île, située dans l’arc volcanique des Petites Antilles, présente une superficie de 1 128 km2. L’agriculture couvre 21 % du territoire avec 23 822 ha de SAU (surface agricole utile). Les espaces naturels sont majoritaires avec 61 % de la superficie régionale.

Sa typographie en fait une île volcanique au relief accidenté. La partie nord montagneuse aux terrains pentus se distingue du sud constitué de plaines et de mornes. L’élevage hors-sol (essentiellement volailles et porcs) représente 75 % des productions animales avec 3 000 tonnes équivalentes carcasses représentant quelque 15 000 porcs et 1 300 000 volailles abattus annuellement. L’île ne produit aucune céréale : seules les prairies contribuent localement à l’élevage bovin. Depuis les années 1980, l’ile produit elle-même ses aliments pour animaux.

Martinique Nutrition Animale est une entreprise familiale où chaque poste est valorisé. L’humain est au cœur de l’ADN de l’entreprise.

Une histoire de famille

Marc Labaye, président de Martinique Nutrition Animale (MNA), est fier de présenter l’entreprise que son oncle à créer : « C’est en 1952 qu’Emile Mussard a débuté son activité de négoce avec les Etablissements Mussard. Pour lui, l’aliment importé n’était pas adapté aux spécificités locales. Ce pionnier en matière d’alimentation animale était animé par l’envie de proposer aux éleveurs, coopératives et revendeurs des produits diversifiés de qualité. Il composera lui-même ses formules en fonction de ses observations. En 1960, il se lance dans l’élevage de poules pondeuses, ce qui assurera l’autosuffisance de la Martinique en Å“ufs jusqu’à la fin des années 1970. Â»

C’est en 1980 qu’il crée la Proma, Provenderie Martiniquaise. En 1993, il passe le flambeau à son neveu Marc Labaye. En 2003, elle devient MNA, Martinique Nutrition Animale. « Nous poursuivons les mêmes objectifs : investir dans l’aval afin de développer l’élevage martiniquais aux côtés des professionnels, créer de la valeur ajoutée localement et donc de nombreux emplois directs et indirects Â», précise M. Labaye.

Du port au camion

La situation géographique et le climat de la Martinique ne permettent malheureusement pas d’exploiter les ressources locales, les nombreuses matières premières, principalement les céréales, introduites dans la production dépendent énormément des fournisseurs outre-mer.

Les matières premières arrivent par bateau au port de la Pointe des Grives au sud de Fort-de-France. MNA a investi et possède ses propres grue, trémie et zone de stockage. (Crédit : MNA)

Elles arrivent par bateau au port de la Pointe des Grives au sud de Fort-de-France. « Nous avons investi dans l’acquisition d’équipements MNA indispensables, pour deux millions d’euros, tels qu’une grue (400 tonnes par heure), une trémie de 80 tonnes, trois silos de stockage de 1 000 m3 chacun sur le port, afin de pouvoir assurer le stockage de nos matières premières dès leur déchargement des bateaux. Nous avons deux livraisons par mois en moyenne, mutualisées avec nos voisins guadeloupéens. Chaque arrivée de vraquier de 20 000 tonnes, est contrôlée visuellement et des échantillons sont prélevés et envoyés au laboratoire référencé par MNA avant tout déchargement. Â»

Les matières premières sont ensuite acheminées en camions (trois semi-remorques) à l’usine de fabrication, située au Lamentin, depuis les silos portuaires et quelques fournisseurs locaux (son de blé) et déchargés au poste de réception de l’usine constitué d’un pont-bascule de 50 tonnes et d’une fosse métallique trapézoïdale pourvue d’un convoyeur à chaîne. Ces matières premières, une trentaine, peuvent être reçues brutes (maïs, blé) ou en tourteau (soja, tournesol) ou encore déjà mélangées (prémix). Les matières premières brutes et en tourteaux sont reçues en vrac, les prémix sont reçus soit en big-bag, soit conditionnés dans des sacs en papiers homologués de 25 kg. Les matières premières en vrac sont stockées dans les silos ayant des capacités de 750 tonnes chacun. MNA possède trois silos de stockage dans son usine, onze cellules pour les autres matières premières dont les capacités varient de 16 à 54 m3, ainsi que des citernes pour les huiles et mélasse. Les sacs de macro-ingrédients sont stockés dans le magasin sur des palettes. Les sacs de micro-ingrédients sont échantillonnés, arrimés sur des palettes en bois et stockés dans des aires aménagées.

Certaines matières premières sont broyées (broyeur Stolz) avant d’arriver dans le process général. Ce dernier reste classique. L’usine est équipée de : deux bennes peseuses peuvent recevoir les différents ingrédients, deux presses (Stolz) permettent la granulation, un tamiseur pour retirer les fines lors de la production de miettes, deux lignes d’ensachages pour le conditionnement en sacs de 25 kg (500 sacs par heure), un palettiseur, etc.

Trois camions assurent ensuite la logistique pour la livraison du vrac (43 % de la production) en élevage (voir encadré). À noter que 57 % de la production est vendue en sac de 25 kg depuis le magasin de vente durement à l’usine. Il occupe 1 500 m2 au sol.

La qualité avant tout

Depuis janvier 2019, l’ensemble des fabrications MNA est garanti sans OGM, « un choix sociétal mais également de prévention, de santé, précise le président. La population est de plus en plus sensible à ce qu’elle retrouve dans son assiette et l’alimentation des animaux dont elle se nourrit, en fait partie. Alors, oui, il y a un léger coup supplémentaire lors de l’achat des matières premières mais c’est un investissement sur du long terme. C’est également une façon de nous démarquer face aux produits d’importation. Nous souhaitons favoriser une production locale et saine. Et nous sommes fières de pouvoir mettre cela en avant. Â» Par contre, l’usine ne produit pas en bio ce qui exploserait en matière de coût.

La qualité globale des produits est un point fort chez MNA : « Notre unité de production est performante et certifiée. Nous sommes la première usine d’aliment ultramarine à avoir obtenu la certification Iso 9002 et respectant la certification du Guide des bonnes pratiques de fabrication d’aliments composés pour animaux d’Oqualim, explique M. Labaye. Nos conditions climatiques, temps humide et chaud, nous imposent d’être en recherche permanente de performance en matière de qualité produit et leur adaptabilité. Â»

Eddy Terriat, responsable production et qualité chez MNA, explique la gestion de l’assurance qualité de l’entreprise : « Chez MNA se côtoient trois laboratoires internes d’analyse et de contrôles : analyses chimiques, tests physiques et analyseur à infrarouge Foss. Le laboratoire interne chimique permet d’analyser les caractéristiques nutritionnelles comme la protéine et les minéraux ou bien l’humidité et de valider les résultats de l’infralyseur (analyse à l’infrarouge), sur les matières premières et produits finis. Le laboratoire de tests physiques permet d’analyser la dureté, la durabilité, la granulométrie, les particules fines, la présence de moisissures, les fragments d’insectes, de grains abîmés ou autres impuretés. L’infralyseur permet d’analyser les caractéristiques nutritionnelles immédiatement avant livraison de produit fini. Nous travaillons également avec SGS Qualité pour la partie échantillonnage. En laboratoires extérieurs, 30 000 euros sont investis chaque année en tests complémentaires. La traçabilité est également assurée grâce au N° de lot et au logiciel retraçant l’historique complet de chaque lot. Â»

Investissements

MNA continue d’investir, c’est essentiel pour l’entreprise. Marc Labaye détaille : « Nous continuons de dynamiser notre société. Un magasin libre-service flambant neuf distribuera nos aliments et des produits petfood de la marque ProPlan avec plus de services et de conseils. Une nouvelle ligne d’ensachage destiné aux petits conditionnements permettra de proposer, cette année, des produits en sacs de 5 kg pour une distribution plus élargie. Â»

La typologie de la Martinique en fait une île volcanique au relief accidenté.

MNA est également au cÅ“ur de la filière élevage et la société y investit fortement. « L’élevage en Martinique constitue une filière d’avenir, avec un potentiel de création d’emploi très important. Actuellement, plus de 85 % de la consommation locale de viande est importée. Depuis la fin des années 1990, nous sommes à l’origine de la création d’unités industrielles d’accouvage, d’abattage de volaille ou encore de découpe et de transformation de viande de porc et de bÅ“uf. Cela représente au total près de 150 emplois directs créés. Â»

Le président conclut : « Nous devons être en mesure d’augmenter les volumes en baissant les prix.

Avec un environnement et des conditions atmosphériques propres aux Antilles, MNA doit investir très régulièrement et de façon significative dans la qualité. MNA continue de moderniser ses équipements afin de répondre à une clientèle de plus en plus exigeante. Â»

Caroline Villéger

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